Plongez dans les coulisses de la préparation physique

Après avoir présenté comment étaient préparés les joueurs du FC Lyon durant cette trêve hivernale, le préparateur Gaëtan Hallier nous dévoile ses secrets de la préparation physique.

“La préparation de nos sportifs dépend dans un premier temps du contexte dans lequel nous intervenons (projet du club, objectifs…). Il faut s’interroger sur le public avec lequel nous travaillons, nous ne procédons pas pareillement pour les Séniors R1 et pour les plus jeunes”De même, la préparation est différente entre les joueurs issus d’une même équipe. 

“Il faut en réalité optimiser notre façon d’intervenir et individualiser l’entraînement en fonction des capacités et du profil de chaque joueur, débute Gaëtan. Par exemple, certains joueurs ont davantage de pépins physiques liés à de précédentes blessures, ou parce qu’ils ont un profil à risque. Pour ces joueurs, il est nécessaire d’accentuer le travail de prévention, sans oublier évidemment de les intégrer aux entraînements collectifs. Avec l’entraîneur et l’entraîneur adjoint, nous devons réfléchir et proposer des moyens permettant de développer leurs qualités physiques et mentales, mais aussi technico-tactique. Nous devons donc optimiser le climat motivationnel et les entraîner avec des exigences qui se rapprochent de celles du match.” Comme nous pouvons le comprendre, la préparation physique n’est pas une science exacte. De nombreux paramètres rentrent en effet en compte avant de pouvoir intervenir directement sur le terrain ou en salle.

Un travail au quotidien

Mais avant ça, la première question que Gaëtan doit se poser est l’objectif des séances. Ses joueurs doivent-ils développer leurs qualités physiques, maintenir ces dernières, ou procéder à une période de régénération ? Il doit donc les programmer annuellement selon le calendrier des rencontres et orienter sa réflexion sur l’intensité et le volume d’entraînement en rapport avec la compétition disputée. Les séances seront par exemple plus difficiles physiquement au cours de la préparation estivale ou lors de la trêve hivernale, comme c’est le cas actuellement. D’ailleurs, le ressenti des joueurs nous l’indique bien. Au contraire, pendant la saison, celles-ci seront plus ou moins modérées en fonction des joueurs ayant disputé un match le week-end dernier.

S’appuyer sur la RPE

Un histogramme des charges d’entraînement est alors mis à jour quotidiennement. “Ces données et graphiques me permettent de constater si mes joueurs se rapprochent de l’objectif fixé ou non et de m’adapter en fonction, explique-t-il. Si nous sommes trop loin de celui-ci, il faudra agir en conséquence en augmentant l’intensité et/ou le volume. Dans le cas contraire, nous ferons l’inverse.” 

Afin de connaître la difficulté ressentie par ses joueurs lors de chaque séance, il utilise la RPE (Rating Perceived Exertion). “C’est une réponse physiologique et psychologique à la charge externe, elle est subjective mais c’est une méthode simple et efficace. Les joueurs notent leur ressenti de 0 à 10 à la fin de la séance, et en multipliant cette valeur par le volume d’entraînement (en minutes), nous pouvons calculer la charge d’entraînement. A partir de ces valeurs nous pouvons optimiser et individualiser l’entraînement de façon à les rendre opérationnels pour la compétition”, précise-t-il. Cela lui permet donc de s’adapter à ses joueurs et de se remettre parfois en question afin que la préparation physique soit optimale et prévenir d’éventuelles blessures.

Quelles qualités travailler ?

Gaëtan crée par ailleurs un diagramme de type camembert pour mettre en évidence les qualités travaillées durant la semaine, à savoir la vitesse, l’endurance, la force, la coordination ou la souplesse. Mais toutes ne peuvent pas être travaillées à charges égales. “Je dois faire des choix et répartir ces qualités semaine par semaine tout en se demandant à quelles proportions les travailler. Il faut prendre à un moment donné la décision entre renforcer ses points forts ou les axes d’amélioration, par rapport aux joueurs de notre groupe je fais le choix de renforcer les axes d’amélioration”, détaille-t-il.

Durant la troisième semaine d'entraînement en août, l'accent avait été mis principalement sur l'endurance.

Il s’aide pour cela d’une carte d’identité afin de mettre en évidence leurs résultats lors des différents tests (physiques et mentaux). “La carte d’identité est ultra importante car cela permet de comprendre où en est physiquement et mentalement notre joueur, de fixer avec lui des objectifs de moyen afin de regarder comment mettre cela en place, mais aussi d’individualiser les séances d’entraînement”, conclut Gaëtan.